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LES TROIS GRÂCES

Nicolas Pol


Exposition du 12 octobre au 18 novembre 2023
Vernissa
ge le jeudi 12 octobre 2023

"Les Trois Grâces de Nicolas Pol sont bien éloignées des jeunes femmes dénudées aux lignes ondoyantes venues de l’Antiquité. De la fresque de Pompéi à la sculpture de Canova, en passant par Raphaël ou Cranach, les trois Grâces incarnent une image de la beauté parfaite, fondée sur l’harmonie, l’équilibre et la sensualité contenue. À tel point que cette image, si nous en retenons la satisfaction qu’elle offre au regard, peut, du même coup, paraître creuse : forme pure et sans consistance —d’autant que ces figures associées à Vénus ont une signification aussi fluctuante qu’incertaine. Ce n’est donc pas un hasard si Nicolas Pol a choisi ce motif pour poursuivre, dans sa nouvelle série de peintures, une critique de l’image. Chez lui, les trois grâces deviennent tournesols : corolles jaunes posées au sommet d’une tige roide, fleurs poussées hors-sol dans un univers déserté par toute possibilité de grâce. Le fond rouge sombre et épais de la composition est criblé de signes cryptiques qui saturent l’espace : graffs, dessins sommaires, collages, graphismes symboliques. À mesure que le monde se remplit de signes, le sens s’éteint, l’image se vide. 

La toile est comparable à une bâche exposée aux assauts extérieurs et recouverte de façon aléatoire jusqu’au trop-plein. Au milieu de l’air suffocant, les fleurs sont en quête d’une bulle respirable. Le monde bruit en permanence, vibre, grésille. 

Pourtant, sur ces compositions au format large et derrière l’aspect déconcertant des formes qui se chevauchent, des larges traits de peinture, des signes qui clignotent, une volonté encyclopédique se déploie. Critiquer, mais aussi construire, dans un mouvement dialectique qui sous-tend ce travail en profondeur. Si chacune des compositions de Nicolas Pol est surinvestie d’éléments et de techniques variés, voire disparates, c’est qu’un sens global s’y écrit en permanence. Dans la grande tradition de la Renaissance, le peintre est aussi le savant. Références érudites, dessins techniques, planches d’encyclopédie, cartes, mais aussi vues d’intérieurs qui pourraient rappeler les salons du Nautilus : les compositions les agencent en toile d’araignée, réseaux complexes ou strates de sens. [ ... ] "

Extrait du texte de l'exposition écrit par Anne MALHERBE

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