naive pAInting (and other stories)
Joachim Biehler
Exposition du 4 juillet au 31 août 2024
Vernissage le jeudi 4 juillet 2024
Joachim Biehler s’est mis sous les feux de l’intelligence artificielle... Et sous ces feux (d’artifice), couvent d’étonnantes images. Le monde brûle, on le sait, la presse d’actualité nous en offre chaque jour l’évidence. Alors son monde à lui brûle aussi. Mais de flammes apparemment si naïves, qu’elles en deviennent irréelles. Des cheminées de centrales nucléaires, sourdent de jolis nuages moutonnants, toutes nuances de gris ; la forêt crame tout autant, troncs carbone et feux follets sur l’herbe folle ; un village est envahi d’une touffeur brune, sous un soleil quasi éteint par les cendres envolées ; la campagne rougeoie elle aussi, pleine d’une grâce numérique. Une grâce qui grince : car d’où sortent ces paysages idylliquement terrifiants ? D’un logiciel créateur d’images qui a complètement digéré la notion de sublime, et avec elle toute l’histoire de l’art. C’est un tournant radical qu’a pris depuis peu Joachim Biehler : lui qui s’amusait à se créer toutes sortes d’avatars, se grimant en ses pairs du monde artistique, s’est détourné de lui-même pour frayer avec les intelligences des temps nouveaux ; « les pointer du doigt, tout en travaillant avec elles », souligne-t-il. Ainsi les exploite-t-il « pour parler du monde qui nous entoure, avec le constat amer de la répétition vertigineuse de ces images de catastrophes ».
Il a testé un peu toutes les IA, il les a abreuvées de ses demandes, leur suggérant des images de presse, notamment de la catastrophe de Fukushima ou des guerres en cours. Il leur a ensuite ordonné de mimer le style du Douanier Rousseau, car « l’IA est un copiste, finalement, alors autant l’utiliser pour ce qu’elle sait faire ». Singulièrement à la marge des avant-gardes, admirées d’elles pour cette raison même, le Douanier a nourri notre imaginaire collectif de ses jungles de carton-pâte. Biehler le côtoie depuis toujours : au-dessus de son lit d’enfant, un tableau du douanier est placardé. Souvent, la nuit, il rêve qu’il se balade entre ses tigres et ses palmiers. Il entre dans le secret de la toile. C’est un peu ce rêve qu’il réalise aujourd’hui, à travers cette série nouvelle de Désastres. « Qu’aurait produit le Douanier Rousseau en ces temps de dérèglement climatique ?» s’interroge-t-il. De notre éco-anxiété, Biehler livre un portrait à priori léger, pop-innocent ; jusqu’à la lie, jusqu’à l’hallali, il lisse la triste solastalgie, cette angoisse, partagée par tous, de voir un monde disparaître sous nos pieds. Dans ses images imprimées sur toile, l’homme est absent, restent les dégâts qu’il cause. Ces paysages faussement naïfs viennent enflammer cet été [...] les murs de la galerie Valérie Delaunay à Paris.
Extrait du texte écrit par Emmanuelle Lequeux (critique d’art et journaliste) pour le catalogue édité à l'occasion de la Biennale Chemins d’art de Saint-Flour
Dans sa série All is Full of Love, Joachim Biehler exploite l'intelligence artificielle comme un peintre sa palette, fusionnant ses influences artistiques variées. Les œuvres de cette série éclatent des couleurs vibrantes de David Hockney, capturent la lumière cinématographique de David Lynch et expriment l'intensité expressive d'Egon Schiele. Son utilisation de l'intelligence artificielle non seulement comme un outil, mais comme une partenaire créative, ouvre de nouvelles perspectives sur ce que l'art peut être à l'ère de l’IA.
Joachim Biehler