PEINTURE ETOILE
Florence Obrecht
Exposition du 3 octobre au 2 novembre 2024
Vernissage jeudi 3 octobre 2024
Dossier de presse
L’atelier [de Florence Obrecht] est une maison peuplée de vivants et de fantômes, d’hommes, de femmes, d’enfants, et de toutes les mémoires et de tous les rêves qu’ils portent dans leurs têtes. Sur les murs noirs ils ont tapissé leurs vies colorées, toutes en chair et en rire. Amassés dans les pièces, mille secrets et objets, des crayons et pinceaux, des jouets et des livres.
Une maison ouverte sur le ciel, sans toit, où les ombres et les cœurs bougent sous l’éclat du bleu. Avec pour seule entrée, une porte dont la clé est l’amour, la charité, le don.
L’atelier est un laboratoire autant qu’un grigri.
Il est lieu de présences, de mémoires vivantes, de mouvements permanents qui exorcisent l’inertie, la mort et l’oubli.
Il y a dans la pratique de Florence Obrecht, à la fois le débris et la prolifération. Quelque chose d’épars et de dispersé, comme un rhizome, des tentacules. Quelque chose de l’ordre du fragile et de la réparation. Des petits riens rafistolés, des morceaux rapiécés, collés, brodés, repeints.
Il y a dans la pratique de Florence Obrecht une tentative qui relève de la perte, de la dépense, au sens de Georges Bataille et la part de l’art. Quelque chose du don, de l’amour, du sacré. Posé contre l’ordre du monde et de son rendement. Quelque chose qui ne s’achète pas, qui ne se répertorie pas, qu’on ne numérote pas. Juste une manière d’être au monde.
L’art moderne tremble des tremblements du monde. Il est descendu du socle des grands pouvoirs et des grandes croyances, délesté de la Grandeur et de l’Unité classiques, pour aller toucher le corps d’un monde en morceaux. Peut être avec plus d’humilité. Peut être avec la maladresse vraie de l’enfant. Peut-être avec plus de doute et de hasard. Peut-être avec l’espoir fou de réparer, de sauver, de garder, d’unir à nouveau, dans l’émiettement et la perte.
[… ]
Il y a dans l’atelier de Florence Obrecht, quelque chose de l’ordre de la fête, d’un grand festin où l’humain s’invite à la table, avec ses couleurs, ses maquillages, ses costumes. Une parade imaginaire où défilent des âmes et des corps tissés d’histoires et d’identités multiples, de paysages et de croyances venues du monde entier, tout comme l’artiste et sa famille sont un patchwork de cultures.
[Avec elle], l’art est Odyssée, saison, voyage. On en part et on y revient, un peu le même un peu un autre. Il est enfer. Illuminations. Attrapant dans ses filets le pire et le meilleur.
Amélie Adamo
Extrait du texte écrit à l´occasion de l´exposition Odyssée au Suquet des Artistes à Cannes